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Made in Normandie...
6 juillet 2009

A ma grand-mère : 4 ans déjà

Nouvel_An31Ma chère Mamie,

Nous étions le 4 juillet... cela faisait presque 1 semaine que tu avais été admise en urgence au Val de Grace et que le couperet était tombé : tu allais nous quitter dans les heures, dans les jours, dans les semaines à venir. Bien entendu, cela nous a permis de mieux nous préparer mais l'attente était intenable. Toi qui avais dépassé de plusieurs mois les premiers pronostics des médecins... nous ne savions plus quoi penser !

La journée était chaude. Je me souviens du soleil qui rayonnait sur mon bureau.

Maman m'a appelé en début d'après-midi. Tu avais sombré dans le comas et ta respiration était de plus en plus difficile. La fin était proche.

Pour toi, une nouvelle fois, j'ai tout quitté. Je ne voulais qu'une seule chose : être auprès de toi et te soutenir "à ma manière".

La route fut longue jusqu'à toi, 45 mn et je n'avais qu'une angoisse : arriver trop tard. J'imaginais papa m'attendant sur le parking et m'annoncer que tout était fini.

Mais non, le coeur battant je suis entrée dans ta chambre et ai pu à mon tour entendre ta respiration si lointaine, si douloureuse.

Papa et maman étaient déjà auprès de toi et chacun a retenu ses larmes pour ne pas montrer son inquiétude et sa peine.

Ta respiration sur fond d'accordéon ou de Love Story était de plus en plus pénible à entendre.

Et puis papa est parti.

Dans ta chambre nous essayions de faire bonne figure, de te parler, de raconter des anecdotes mais aussi de soulager ton âme en te convaicant qu'il était temps pour toi de nous quitter et de rejoindre les tiens déjà disparus.

L'atmosphère était mêlée de larmes et de sourires. Une certaine quiétude régnait car personne n'était dupe de ce qui arrivait et nous voulions que cela se passe dans la plus grande douceur.

A ta manière, tu as réunie tous ceux qui t'étaient chers cet après-midi là : tes enfants et tes petits-enfants au complet ! une prouesse familiale !

A tour de rôle nous allions prendre l'air, discuter avec les infirmières, essayer de savoir... quand ?

Et puis Stéphan est parti. L'après-midi était longue mais le noyau familial se reformait en cette occasion et du coup on n'a pas vu le temps passer.

Plusieurs personnes sont venues te dire au revoir et ont admiré notre courage, le courage de rester.

Quelques soins par les infirmières, un peu de morphine... et voilà le calme de la chambre revenu.

Quand le médecin est passé vers 18h et nous a avoué à demi mot (chacun entend les mots qu'il veut) que la fin était TRES proche.

Et puis Philippe est parti.

Maman et moi sommes restées et d'un coup tout s'est accéléré.

Pendant que l'infirmier installait nos fauteuils pour la nuit (qui risquait d'être longue), tu as commencé à faire des pauses respiratoires. Il nous a expliqué que ce serait ainsi jusqu'au dernier souffle.

En quelques minutes, ces pauses se sont rapprochées et là l'angoisse de la mort nous a envahies.

3 femmes, 3 générations, 25 ans entre chaque... nous étions liées par la mort de l'une d'entre nous.

Je nous revois te caresser, t'embrasser, te dire tout notre amour et surtout : laisses nous, pars !

Et puis tu as arrêté de respirer... encore quelques soupirs et plus rien.

J'ai courru chercher l'infirmière qui n'a pu que constater ton départ.

D'une main tremblante j'ai appelé Philippe qui était à mi chemin et Stéphan.

Et puis d'un coup la pression retombe, le corps se relâche et c'est le vertige, la nausée pour celles qui restent.

Nous avons remis de la musique, déposé quelques fleurs sur ton lit ainsi qu'un chapelet.

Le médecin est venu nous voir, te voir.

Il était temps de rentrer. Le retour fut interminable et la nuit aussi.

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Commentaires
M
Oui , 4 ans déjà , je te remercie ma fille de penser à ces moments privilégiés à 3 générations , moments si difficiles , insoutenables , émouvants ; mais ma maman a choisi de nous faire un dernier cadeau précieux , nous quitter en nous serrant nos mains ; cela reste gravé à jamais pour moi ... Merci de ton courage de rester jusqu ' au bout , de soutenir ta grand- mère , et ta maman. Merci d ' avoir emmené l ' urne funéraire dans la tombe familiale en Corse .<br /> Tes enfants me parlent encore de leur arrière - grand- mère , pas d ' une façon triste même s ' ils savent que je suis toujours très émue quand ils me parlent d ' elle . <br /> Ta maman qui t ' aime .
M
Merci pour ce beau moment. Les mots manquent pour exprimer ce que je pense. C'était juste beau.
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